11 Avr + 4 JUILLET 2019 – 20H00
WEST CORK MUSIC FESTIVAL 2019St Brendan's Church / BANTRY - CORK / IRELANDE
KHOJALY 613 – OP.197 n°2
Pour violon solo, clarinette & quatuor à cordes
Avec :
Mairéad HICKEY, solo violon
Mate BEKAVAC, solo clarinet
DAHLKVIST QUARTET,
1st Violin – Alexander KAGAN
2nd Violin – Kersti GRÄNTZ
Viola – Jon DAHLKVIST
Cello – Hanna DAHLKVIST
Ils ont dit…
Laurent Galley – In Mediapart / Le 26.IX.2016
« Khojaly 613 est en effet une oeuvre à part, importante, ne serait-ce par le fait que son auteur y revient sans cesse. Oeuvre envoûtante, lancinante, et têtue, comme la mémoire qu’elle ne cesse d’exhumer et de porter aux nues. Bien qu’il s’agisse en son thème d’un massacre, commis en terre azerbaïdjanaise, en février 1992, dans l’indifférence du monde, la musique, elle, conserve le privilège de son chant ; à savoir que son langage, s’il en est un, reste muet. La musique ne fait que susurrer, murmurer, tambouriner dans le silence, qu’une tragédie a eu lieu, quelque part, et que ce « quelque part » est très proche de nous, en temps comme en lieu. Il n’est pas dans son rôle d’en énoncer davantage ; toutes les horreurs se valent, où qu’elles se produisent. Chacune mériterait sa plainte. Cette oeuvre, qui se contente de se nommer d’un village et d’un nombre de victimes, n’est qu’une stèle parmi d’autres. On ne réclame aucun compte à une stèle. Elle témoigne d’elle-même, sans rien ajouter à ce qui fut. Il n’appartient qu’aux peuples ou à leurs instances, de commémorer, de juger, de s’entendre, de se réconcilier. La musique, elle, porte modestement la mémoire du vent sur des traces. Certes, on ne choisit pas un thème par hasard, bien évidemment ; et sous leur apparence d’objectivité narrative, les sujets de Pierre Thilloy puisent allègrement autant dans l’actualité, dans l’histoire commune, que dans sa biographie, comme tout compositeur digne de ce nom. Il se trouve que Khojaly 613, en plus d’oeuvrer pour la paix, pour la reconnaissance internationale d’un événement qui appartient désormais à l’histoire, c’est-à-dire qui dépasse largement le cadre de l’oeuvre représentée, elle est aussi tout simplement le récit et la preuve d’une amitié. Elle trouve autant l’origine de son expression dans la chaleur d’une amitié, d’une empathie personnelle, que dans un message qui dépasse les individualités et qui ne saurait parvenir à son but, sans témoigner humainement au-delà et de quelque côté que ce soit des frontières. Ce que seule la musique, peut-être, est habilitée à faire au détriment des mots, objets de tant de dissensions et de malentendus.
Même lorsque Pierre Thilloy s’attache ainsi à un événement tragique, il ne sait le faire qu’avec légèreté et grâce, ainsi qu’un immense respect. Son ouvrage ne contient rien d’exténué, d’affecté ou de complaisant. On y entend, bien entendu, les percussions orageuses, cette marche pesante, ces sourdes menaces, ces échos angoissants, qui vont et viennent, comme d’imminents combats, prémices d’un drame que l’on pressent bien vite comme inéluctable. La musique raconte, évoque, suggère, comme bourrasques et gros temps. Marche tantôt guerrière, tantôt funèbre, qui suit la mémoire, avec son tocsin, et sa mélancolie. Mais toujours cette douceur aérienne, cette langueur céleste, ce lyrisme irrépressible, ces accents orientaux, renforcés par la présence d’instruments typiques, comme le balaban (ad lib.). Nobles couleurs de la clarinette où même le deuil devient chaud. Où même le cri, caresse. D’une oeuvre qui aurait pu sombrer aisément dans le pathos et l’éploré, la rythmique demeure soutenue, agitée, fiévreuse. Le violon peut s’en désoler, il n’a de cesse que de s’envoler vers le ciel, entre élégies et clartés. L’archet trempe dans la lumière, dans l’indifférence des cuivres, qui rugissent à l’arrière. Le compositeur se fait peintre ou romancier, dont la toile s’avère ici vivante, vibrante, malgré tout. Un bref moment de stridence, de rupture ; puis, la désolation, ou plutôt : le recueillement. Khojaly 613, en définitive, ne dénonce pas ; il raconte, puis se tait. Sa tristesse est résolument méditative. Sa violence, narrative. Si le premier mouvement est annonciateur, le second, au coeur des événements, le troisième, se recueille. La paix finit toujours par succéder au pire. Triste certitude en réalité, car le calme recouvré, rend d’autant plus dérisoire les événements passés. Ce qui en accroît l’absurdité. Ce sur quoi se clôt cette émouvante composition : la méditation apaisée d’une inconsolable destinée. »
Informations :
Boxoffice: 13 Glengarriff Road, Bantry, Co. Cork, Ireland
Phone: +353 (0)27 52788/9
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Admission : €34/€25/€11
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